Sixième dimanche de Pâques C - 2000/2001

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Avez-vous regardé à la télé, il y a quelques semaines, la rediffusion d'une série d'émissions d'Arte intitulée « Corpus Christi » ? Tout au long de ces émissions, des spécialistes, analysant les textes évangéliques, nous ont dit tout ce qu'on pouvait savoir du Jésus historique, particulièrement en ce qui concerne sa passion et sa résurrection. Que des critiques bibliques, protestants ou catholiques, européens ou américains, mettent ainsi en lumière le résultat actuel de la recherche en ce qui concerne le cœur de notre foi chrétienne, les honore et manifeste aux yeux du monde entier que les croyants ne craignent pas de soumettre un texte « sacré » à la critique scientifique.

Tout ceci est bon et utile. Mais pas suffisant. J'aurais beau tout savoir sur les circonstances exactes de la naissance, de la vie et de la mort de Jésus ; j'aurais beau connaître tous ses gestes et toutes ses paroles, si tout cela me reste extérieur, le personnage « Jésus » restera pour moi un des génies de l'humanité certes, mais enfin quelqu'un d'extérieur à moi-même. Ne risquerais-je pas alors de le considérer comme une pièce de musée ? Et de me contenter de la formule facile : « je suis croyant non pratiquant » .

Jésus, à la veille de sa mort, a l’audace d’affirmer qu’il n’est pas seulement un mort, même prestigieux, mais un vivant agissant, qui se manifeste encore aujourd’hui. Parce qu'ils l'aiment, ses disciples perçoivent comme jamais auparavant le mystère de sa  présence intériorisée au sein même de son absence. Lorsque nous aimons vraiment un être, nous pouvons nous surprendre en train de parler, dans un dialogue intérieur, à cet enfant, cet ami, cette fiancée, cet époux... La présence de l’absent : cette expérience est donnée seulement à ceux qui aiment… Une fois séparés du Christ, les disciples ne se sont sentis plus jamais totalement seuls. Plus jamais ils ne se sont sentis orphelins. Au contraire, en chacun d'eux, au plus profond de leur intimité, ils ont éprouvé la conscience d'une présence mystérieuse, celle d'une personne parlant à leur cœur. « Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer chez de lui. »

Et on peut même dire cela des chrétiens qui nous ont quittés. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a eu l’audace de proclamer : « Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre ». Les morts nous sont donc présents, d’une présence qui est celle-là même du Christ ressuscité. Il ne s’agit nullement ici d’écriture automatique ni de tables tournantes. Mais d’une présence semblable à celle de l’Esprit que nous envoie le Fils, et que nous appelons « la communion des saints ».

Une des clés qui nous ouvre à cette présence intérieure du Christ, c’est la méditation aimante de Sa Parole comme sacrement de sa présence. Pour qui aime, quelle merveille de communier à la Parole de son Bien Aimé ! Pas seulement en la recevant intellectuellement, mais en la repassant, comme la Vierge Marie, dans le cœur profond et en la mettant réellement en pratique. « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole. » De même que Jésus était sur terre le lieu de la présence du Père, de même devenons-nous le lieu de Sa présence et de Sa Parole. Quelle dignité et quelle responsabilité ! Car il y a un cinquième évangile… c’est celui que nous pouvons écrire aujourd’hui par notre amour de Jésus et notre fidélité à sa Parole.

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