Solennite de l'Assomption C - 2009/2010

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La plus grande fête mariale, et aussi la plus ancienne, est la Maternité de Marie que nous fêtons le 1er janvier. Si la liturgie de l’Assomption a plus d’éclat, c’est qu’elle est l’épanouissement complet de ce titre de Mère de Dieu. De cachée à Bethléem, de douloureuse au calvaire, elle s’épanouit aujourd’hui en maternité glorieuse. C’est la fête de l’été marial, de ses récoltes et de ses fruits, comme ceux que l’on engrange, sous nos latitudes, dès le mois d’août.

Plus profondément encore, cette fête est une célébration de la résurrection de Jésus dont l’assomption de Marie n’est qu’une extension. Marie est morte, comme tout être vivant, comme son Fils avant elle, puis, à sa mort, elle est ressuscitée, corps et âme, comme Jésus est ressuscité, et comme nous tous, nous l’espérons, nous ressusciterons un jour. Jésus est le premier à retourner au Père. La Vierge le suit, « aurore de l’Eglise triomphante, parfaite image de l’Eglise à venir », comme le chante la préface du jour.

Car le cœur de notre foi, c’est que le Christ est ressuscité le premier. Il n’est pas glorifié pour lui seul. Le but profond de sa résurrection d’entre les morts est de nous donner à nous aussi une résurrection semblable. C’est donc dans la résurrection de Jésus que l’assomption de Marie trouve son point de départ. Nous fêtons aujourd’hui une fête de Pâques prolongée en Marie – et en nous. Comme Jésus, elle avait été « à la peine ; il n’est que juste qu’elle fut à l’honneur », pourrait-on dire en pastichant une réplique célèbre de Jeanne d’Arc à ses juges. La fête de son triomphe est donc aussi la nôtre, pourvu que nous soyons de ceux qui seront au Christ quand il viendra. Son destin final annonce le nôtre, si, comme elle, nous sommes capables d’écouter la Parole et de la garder. A la femme qui s’exclamait : « Qu’elle est heureuse la femme qui t’a mis au monde et qui t’a allaité », Jésus répond : « Combien plus heureux celui(celle) qui écoute la Parole de Dieu et qui la garde ». Il veut bien lui faire comprendre que la grandeur de sa mère est d’avoir cru à la parole de l’ange et d’avoir conduit toute sa vie, à travers bien plus de peines que de joies, en marchant sur la confiance en cette parole entendue au premier jour. Au matin de la nativité, l’évangile nous dit que « Marie gardait toutes ces choses en son cœur ». Garder, c’est abriter mais c’est encore permettre de faire grandir. Comme les fruits dans la serre, comme le tout-petit qui se développe dans le corps de sa mère. Ce qui fait la grandeur de Marie, c’est qu’elle est disciple, c’est qu’elle se met à l’écoute de la Parole, à l’écoute de son Fils, depuis le jour où elle l’a accueilli en son sein. Tout son chemin qui s’achève dans l’apothéose de l’exaltation est fait de cette attitude très simple : faire confiance à celui que Dieu nous donne. Ce qui fait Marie « heureuse et bénie », c’est d’avoir accueilli ce don, jusqu’au bout, jusqu’à la croix.

Nous sommes logés à la même enseigne. C’est notre aventure comme celle de Marie, comme celle de toute l’humanité. Méditons les images flamboyantes de l’Apocalypse. Il s’agit de mettre Dieu au monde ; il s’agit du passage du monde en Dieu. Que notre foi, comme celle de Marie, soit jour après jour, accueil de la Parole que Dieu nous adresse. Nous qui sommes encore en chemin, contemplons-la dans sa splendeur. C’est ainsi que nous serons dans le glorieux et splendide achèvement que Dieu nous prépare, à la mesure de notre foi.

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