Troisième dimanche de l'Avent C - 2009/2010

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Les deux premières lectures sont emplies de la joie qui caractérise le troisième dimanche de l’Avent. Aujourd’hui la couleur violette de la pénitence est remplacée par le rose discret de l’allégresse. « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur », nous recommande saint Paul (Philippiens 4, 4). Le prophète Sophonie, lui, nous invite à l’exprimer sans réserve : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! » (Sophonie 3, 14)
Il n’est pas sans intérêt de savoir que la « fille de Sion », c’est ,à l’époque de Sophonie, un nouveau quartier de Jérusalem, peuplé par les rescapés du Nord, après le désastre de Samarie, à l’époque de la réforme de Josias, au début du VII° siècle avant Jésus-Christ. C’est « le petit reste » des survivants d’une catastrophe. Ce sont des « pauvres ». « Ne crains pas, Sion ! » Le « pauvre » qui met sa foi dans le Seigneur, lui, ne doit rien craindre. Sa paix et sa joie lui sont assurées par Dieu qui agit en sa faveur. « Le roi d’Israël, le Seigneur est en toi. » Lui seul règne sur toi. Lui seul est assez grand pour combler les désirs de ton cœur. C’est ce qu’Il veut. En cela consiste précisément l’Alliance. Dieu sera toujours fidèle. Qu’Il soit ainsi la joie de ses pauvres ! « Le roi d’Israël, le Seigneur ton Dieu est en toi. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie ».

Cependant, si nous avons tant soit peu conscience de la grandeur de ce mystère, comment ne ressentirions-nous pas le besoin de nous préparer, par une sincère conversion, à la visite divine ? Entrons donc à la suite de celles et ceux qui viennent « se faire baptiser par Jean », et nous lui demandons : « Que devons-nous faire ? »
Contrairement à ce que nous aurions pu craindre, le Baptiste n’impose pas de prouesses extraordinaires. Jean répond à tous, sans distinction : partagez. Rendez à tous ce qui lui est dû.

Arrivent des publicains, collecteurs des impôts romains, détestés pour leur collaboration avec l’ennemi et parce qu’ils augmentaient les taxes en en gardant pour eux-mêmes. Jean ne les rejette pas, mais leur rappelle simplement leur devoir. « N’exigez rien de plus que le fixé. »
Viennent des soldats, catégorie alors méprisée. Pas de violence et pas d’exactions, leur dit-il. « Contentez-vous de votre solde. » Jean ne demande ni aux publicains, ni aux soldats de quitter ces emplois méprisés, mais de les exercer autrement.
Nous ne sommes ni des publicains tricheurs, ni des soldats brutaux. Mais la leçon de Jean reste bien actuelle : n’exige pas plus que le fixé ; n’arrange pas les prix, les factures ; n’exige que le juste loyer ; n’exerce pas la violence, ne serait-ce qu’au volant de ton auto… Qui n’a profité de sa situation pour jouer des coudes, écraser l’autre en douce…

C’est quand nous agissons avec justice, que nous sommes capables de recevoir le don de cette joie qui est au cœur du mystère de l’Avent. La seconde lecture nous invite à l’accueillir avec la paix profonde qui l’accompagne, signes de la présence de l’Esprit : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche ». La joie du chrétien est indépendante des imprévus de l’existence. C’est quelque chose de plus profond, qui est ressenti par le chrétien parce qu’il a conscience que « le Seigneur est en nous » (Sophonie), ou que « le Seigneur est proche » (saint Paul). Le chrétien est celui qui, dans toutes les circonstances, même les plus douloureuses, peut garder une paix de fond qui le fait tenir debout. N’ayons pas peur : le Seigneur vient.

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