Troisième dimanche de carême C - 2009/2010

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Des Galiléens venus en pèlerins, dix-huit personnes qui vivaient à côté de la fontaine de Siloé à Jérusalem. Morts brutalement. Etaient-ils « plus » grands pécheurs que les autres ? Non. Jésus le dit et le répète. Cette représentation d’un Dieu qui punit l’homme coupable, d’un Dieu qui n’offre pas de pardon, on dirait bien qu’elle nous colle à la peau. Il y a des drames dans la vie et dans nos vies. Nos amis haïtiens, chiliens ou liégeois, qui ont survécus au malheur, le savent douloureusement aujourd’hui. Lorsque nous sommes confrontés cruellement à la mort, la seule leçon qu’elle nous apprend, c’est l’urgence d’aimer. 

L’homme est appelé à aimer, à porter des fruits d’amour. Le Dieu révélé à Moïse au buisson ardent, est un Dieu qui lui demande de s’engager pour libérer ses frères, car il ne supporte plus l’oppression qu’ils subissent. Un Dieu qui, en suscitant en Moïse le désir et le courage d’entreprendre cette longue et difficile libération, se dévoile comme un Père bouleversé par la détresse de ses enfants.

Dieu  se dit surtout en son Fils. Il nous veut comme un figuier qui porte de bons fruits pour que d’autres s’en nourrissent. Le propriétaire dit au vigneron de couper ce figuier puisqu’au bout de trois ans il n’a donné aucun fruit. Dire qu’il va falloir couper le figuier, c’est indiquer sa stérilité: Dieu est la vie qui se donne ; la stérilité c’est le refus de transmettre la vie. Dieu est la vie qui se donne ; la mort c’est l’âpreté et la mesquinerie du cœur. Nommer cette stérilité est déjà un signe de miséricorde. Dieu espère en l’homme. Sinon, il ne dirait rien, il l’abandonnerait ou l’abattrait d’un coup de hache.
C’est une réaction humaine que nous vivons parfois à l’égard des autres : « il n’y a rien à tirer de lui », « laissons le tomber », « pas la peine de nous épuiser davantage avec lui ou elle ». On dit cela d’un collègue, d’un enfant, d’un conjoint, d’un frère ou d’une sœur dans la foi…

Le vigneron espère que son travail et ses soins permettront de changer la conduite du figuier et qu’il donne des fruits. C’est une bonne nouvelle pour le figuier : tout ne repose pas sur lui, le vigneron va prendre soin de lui. Jésus, dans le mystère de l’incarnation, nous montre l’amour qui sort du cœur de la Trinité pour rejoindre ’humanité qui s’enfonce dans la stérilité du cœur. Jésus est venu à la rencontre de l’homme au cœur endurci ; c’est ce qu’il a fait jusqu’au bout, lorsqu’il dit sur la croix : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Jésus est venu nous tendre la main de la part de Dieu. La saisir ou l’ignorer dépend de notre liberté.

Entrer dans cette manière d’aimer à la manière du Christ est d’une fécondité extraordinaire. C’est ce que nous sommes appelés à vivre pendant ce Carême : une conversion. Il faut du temps pour consentir à accueillir le vigneron dans nos vies. Saint Paul, dans la deuxième lecture, va jusqu’à dire : « Ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher c’était déjà le Christ ». Ce rocher nous accompagne dans les joies et les malheurs de nos vies.

Au lieu de rester assoiffés dans le désert de nos malheurs, pestant contre Dieu ou nous apitoyant sur nous-mêmes, tournons-nous vers ce rocher-source qui nous accompagne, disons lui avec le psaume de ce jour : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour. »     

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