Quinzième dimanche dans l'année C - 2009/2010

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La loi de Dieu est une Parole d’amour. Elle nous est accessible. Ainsi pourrions-nous résumer la première lecture de ce dimanche. Et au docteur de la loi qui demande : « que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle, Jésus répond ce merveilleux verset du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19,18). Il suppose d’abord que l’on s’aime  soi-même et nous renvoie à deux questions : « qu’est-ce qu’aimer ? » Et « qui est mon prochain ? »

 S’aimer soi-même.

C’est sans doute notre première démarche de foi : croire que nous sommes aimables, non pas en raison de nos qualités ou de nos performances mais parce que nous sommes aimés par Dieu, gratuitement, inconditionnellement, dès avant notre naissance. C’est ce qui fonde la dignité radicale de l’homme, quel que soit sa position ou son utilité sociale. Si nous n’acceptons pas l’amour de Dieu pour nous, comment pourrons-nous aimer vraiment les autres ? A la fin de sa vie, le curé de campagne de Georges Bernanos écrit : « Mais, si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même, comme n'importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. » « Si tout orgueil était mort en nous » : cela dit bien que c'est le combat de toute une vie.

Qu’est-ce qu’aimer ?

« Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tous ses moyens », c’est aimer son prochain. Et il est deux manières d’aider son prochain : en s’approchant de lui, et en agissant, sans lui parler, c’est ce que fait le Samaritain sur le chemin de Jérusalem à Jéricho et il y en a une autre : en le laissant s’approcher, en l’écoutant et en lui parlant, c’est ce que fait Jésus avec l’aveugle de Jéricho. Parfois parler, c’est faire. L’être humain meurt souvent, faute d’entendre une vraie parole, faute d’une parole qui fait la vérité. Jésus n’a pas toujours guéri mais il a toujours écouté et il a toujours enseigné. Jésus a aidé son prochain, et ici le docteur de la Loi, en lui parlant et en le dérangeant. Aimer vraiment c’est parfois raconter une histoire décapante et dire « va et toi aussi fais de même ».

Et qui est mon prochain ?

Pour les fils d’Israël le prochain était le membre du peuple. Jésus bouscule  cette conception puisque c’est un Samaritain qui se fait le prochain de celui que l’on suppose être un juif, puisqu’il vient de Jérusalem, même s’il n’est qualifié que d’homme : « un homme descendait »… Le prochain, c’est tout homme. Le génie de Jésus est de retourner complètement la question : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l'homme tombé entre les mains des bandits ? » C'est évidemment une tout autre manière d'envisager le prochain. Il n'est pas forcément celui avec qui j'aurais en commun des liens de sang, d'affinité, de religion ou d'intérêt. Le prochain, c'est celui que, moi, je deviens quand je me rapproche d’un homme, quel qu'il soit et quel que soit son éloignement présumé.
En ce sens, il ne faudrait pas parler de « mon » prochain, mais du prochain que, moi, je suis réellement. Dans ma vie, de qui me fais-je proche ? Proche des miens auxquels je donne le meilleur de moi-même ? Proche de ceux et celles avec qui je travaille et que je m'efforce de respecter et d'aider ? Proche aussi des blessés de la vie, des malades, des déprimés, des isolés et des désespérés ? A tous, il m’est toujours possible de me faire abordable en offrant au moins mon écoute et mon attention.

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