Deuxième dimanche ordinaire C - 2009/2010

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Les images du banquet et des noces occupent beaucoup de place dans la liturgie de ce dimanche. Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce à Jérusalem qu’un jour, « On ne t’appellera  plus  « La délaissée », ou « Terre déserte », mais on te nommera : « Ma préférée », on nommera ta contrée : « Mon épouse », car le Seigneur met en toi sa préférence et ta contrée aura un époux. »

Aux heures où l'on se croirait personnellement ou collectivement délaissés, abandonnés, livrés aux forces du mal et de la haine, ne faut-il pas se redire ces paroles brûlantes d'amour du prophète Isaïe : « Comme une jeune mariée est la joie de son mari ; tu seras la joie de ton Dieu » (Isaïe 62, 5).

« Ils n’ont plus de vin » : Accueillir le salut de Dieu signifie laisser le Christ épouser tous nos manques, nos limites, nos erreurs, nos fautes, notre péché. Son amour a le pouvoir de tout transformer en nous. Il peut changer l’eau de nos amertumes en vin de la joie éternelle.

Avec le Christ se manifeste pleinement le visage de Dieu est. À Cana, se vit le troisième moment de l’épiphanie : « Jésus a manifesté sa gloire et ses disciples crurent en lui. » La lumière qui éclaire nos vies c'est, qu'en dépit de tout, un amour nous conduit, mystérieux, déroutant comme le vin des noces dont on ne sait d'où il vient.

Si Dieu veut entrer avec tous les hommes dans une histoire d'alliance, c'est donc qu'il est possible d'espérer, sans naïveté, surmonter toutes nos divisions pour réaliser une communion authentique dans le respect de nos différences. C'est la grande intuition de saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens que nous avons entendue dans la deuxième lecture. « Il y a diversité de dons spirituels, écrit-il, mais c'est toujours le même Esprit, diversité de ministères, mais c'est toujours le même Seigneur… C'est partout le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien commun » (1 Corinthiens 12, 4).

En Eglise, si les dons de l'Esprit sont multiples, nul ne peut prétendre annexer Dieu, nul n'a le monopole de l'Esprit Saint. Nous avons à apprendre à nous recevoir, dans nos diversités, comme des dons complémentaires et irremplaçables pour manifester l'insondable richesse du Christ.

Ce qui est vrai à l'intérieur de notre Église, ne l'est-il pas aussi dans nos relations avec les autres religions auxquelles nous sommes confrontés, aujourd'hui. La seule manière de désamorcer les menaces de fanatisme et de violence, ne serait-elle pas, à la fois, de nous enraciner plus profondément dans notre propre tradition religieuse, et, en même temps, de passer de la peur des autres à l'émerveillement devant la riche diversité des dons de l'Esprit de Dieu à l'œuvre, non seulement chez les chrétiens, mais aussi chez les juifs, les musulmans, les bouddhistes et les adeptes des diverses sagesses spirituelles. Le secret de l'unité ne serait-il pas de vivre le meilleur de nous-mêmes et d'être attentifs aux murmures de l'Esprit en nous et chez les autres ?

Cana est enfin la prière discrète de Marie : « Ils n’ont plus de vin. »  Ecoutons-la nous redire : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Marie ne peut nous conduire qu’à son Fils. En ce début de la semaine de prière de l'unité des chrétiens, elle nous le montre inaugurer le banquet de l'amour où prendront place, enfin, un jour, les hommes de toute race et de toute culture, venus des quatre coins de l'horizon.

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