Vingt-cinquième dimanche dans l'année C - 2009/2010

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Pour tricher en leur faveur, combien d'astucieux ont-ils su agir avec intelligence, habileté et audace ? Les textes de ce dimanche, du prophète Amos, de l'apôtre Luc énumèrent une panoplie de tricherie: diminuer les mesures, augmenter le prix, fausser les balances, acheter tout pour une paire de sandale, vendre jusqu'aux déchets du froment (Amos), créer un réseau d'amis par une série de fausses factures (évangile). La parabole d'aujourd'hui est bien étrange à première vue.

Servir Dieu ou être esclaves des idoles. L’Evangile d’aujourd’hui nous met face à ce choix radical. Servir Dieu, c’est lui ressembler. Et lui ressembler, c’est prendre tous les moyens au service d’une seule fin : entrer en communion avec les autres. Dieu n’a créé le monde et n’est entré en alliance avec Israël et avec l’Eglise que pour nous faire entrer dans un dialogue d’ami à ami, « Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Exode 33,11). Pour que nous mangions avec lui et lui avec nous : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Apocalypse 3,20). Servir Dieu, c’est se faire des amis, c’est ne pas être seul, c’est accueillir et être accueilli, « trouver des gens pour m’accueillir… »

« Les biens » dont je dispose (argent, maison, biens de consommation,,etc.), servent-ils à la communion, «le bien véritable » ? Ai-je des amis avec qui je peux avoir des conversations de frère à frère, cœur à cœur ?

L’argent n’est ni bon ni mauvais; c'est un moyen. Mais Jésus le qualifie de trompeur car il donne facilement l’illusion que l’on peut s’appuyer sur lui. On court alors le risque de négliger l’essentiel. Il faut se méfier des faux dieux qui nous rendent serviles alors que notre Dieu nous veut libres. En effet, si le but de notre journée est de gagner de l'argent, on en voudra toujours plus, on n'en aura jamais assez, on passera tout son temps et à amasser des biens et on ne sera plus libre de nouer des relations gratuites evec les autres. Jésus connaît ce piège et nous met en garde car il sait que l'argent ne fait pas le bonheur. L'argent n'est pas un but mais un moyen pour vivre sur terre. C'est à nous de le dominer pour ne pas qu'il nous domine. On dit que l'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître.

Ne nous laissons pas tromper, nous dit Jésus ! Que toutes nos ressources soient au service de la relation ! Ne gaspillons pas nos biens pour « des citernes vides qui ne retiennent pas l’eau ! »(Jérémie 2, 13) Quel est ce « bien véritable » dont parle l'évangile sinon la relation vraie que nous avons pour Dieu et pour notre prochain, pour ces relations qui seules donnent du sens et du goût à notre vie. « Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Luc 12,34).

En mourant, ce qui monte à nos lèvres, c’est un prénom aimé, c’est une personne. « Jésus, Jésus » a dit Jeanne d’Arc sur le bûcher de Rouen en écho au « Eli, Eli »(« Mon Dieu, mon Dieu ») de son Seigneur sur la Croix. Montrons-nous habiles à l’image de Jésus lui-même. Lui « qui n’avait pas d’endroit où reposer la tête » (Matthieu 8,20), il ne cessait de se faire accueillir ou d’accueillir… « Zachée descendit et l’accueillit avec joie » (Luc 19,6). Jésus était riche d'amitié, il prenait le temps de la rencontre… Que cela soit avec la Samaritaine au bord du puits ou avec Simon le pharisien. Mammon et les idoles isolent; le vrai Dieu nous met en relation.

Montrons-nous généreux dans ces petites choses que nous n’emporterons pas avec nous ànotre mort. Uutilisons-les pour enrichir la communion que nous avons avec nos frères. Adoptons peu à peu cette attitude du coeur qui nous ouvre au don : don de nos trésors, don de notre temps, don de tout ce que Dieu nous a confié et que l'on peut partager. Ainsi serons-nous riches de relations et pourrons-nous entendre cette parole : « C'est bien, serviteur bon et fidèle… en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton Seigneur » (Matthieu 25,21).

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