Vingt-septième dimanche dans l'année C - 2009/2010

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Un thème que l'on peut voir courir dans les lectures de ce dimanche est celui du service accompli avec simplicité. Cette simplicité nous la voyons en œuvre dès la première lecture, celle du prophète Habacuc. En mots très précis, il ose demander des comptes à Dieu. « Pourquoi m'obliges-tu à voir l'abomination et restes-tu à regarder notre misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. » Ce n'est pas « parce qu'on a la foi » que tout devient facile ou rose. La vie est et reste la même pour tout le monde. Celui ou celle qui vit dans la foi n'en n'attend rien d'autre que d'être en relation réelle avec lui. Et cette relation est vivante : chemin faisant, dans le déroulement même de la vie, elle se développe, elle se vit jusque dans le cri de la douleur, elle s'affine dans sa vérité.

La réponse du Seigneur, c’est l’invitation à la confiance, une invitation qui repose sur la justice et la fidélité : « le juste vivra par sa fidélité. » Le prophète, comme les croyants que nous sommes, peuvent crier leur révolte, mais c’est dans la justice et la fidélité – acte de confiance de l’homme droit – qu’ils trouveront la réponse du Seigneur. Un vaste programme pour le croyant qui cherche Dieu !

Et si nous lisons la deuxième lettre à Timothée dans ce même esprit de simple serviteur, nous pouvons y trouver des motifs de confiance et d’espérance. Pour devenir toujours davantage de bons serviteurs de l’Évangile, il s’agit bien de nous laisser travailler par l’Esprit de Jésus pour réveiller et développer en nous les dons que nous avons reçus. Nous avons à faire place à l’œuvre de l’Esprit, à avoir une perspective d’humilité qui refuse l’autosatisfaction, mais qui rejette aussi la peur et la honte. À la naissance de l’Église comme aujourd’hui, le vrai serviteur de la communauté s’efface devant le Christ qu’il faut annoncer à temps et à contretemps. Pour grandir dans la foi, aimer comme il nous a aimés, enseigner comme il nous l’a commandé, nos forces n’y peuvent rien, seul l’Esprit assure cette mission en nous.

Enfin, regardons le texte de l’Évangile de Luc dans la même perspective. Etre de simple serviteur, c’est sortir du possible de nos pensées et de nos actions mûrement réfléchies et que nous défendons avec conviction, pour nous en remettre à l’action de l’Esprit Saint qui peut bouleverser ce qui peut paraître comme immuable : habituellement, les arbres sont plantés dans la terre ! C'est se rendre libre et disponible à l’action de l’Esprit pour rendre possible ce qui ne l’était pas et par elle, avoir part à la force de Dieu.

C’est à travers nos gestes d’amour et de service, les plus modestes soient-ils, que nos frères peuvent découvrir qu’ils sont aimés de Dieu. Dom Helder Camara disait : « N’oubliez pas que pour la plupart des gens, le seul évangile qu’ils liront sera le témoignage de votre vie. » Si c’est cela être serviteur simple ou inutile ou quelconque, avec la grâce de Dieu, l’impossible devient possible. Oui, nous devons et nous pouvons être, les uns pour les autres chemins de l’amour de Dieu. Si nous sommes de simples serviteurs, nous serons assez humbles pour laisser Dieu communiquer par nous son amour sans limites. Osons  nous mettre en état de service.

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