Trente et unième dimanche dans l'année C - 2009/2010

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Qui ne connaît l’histoire de Zachée ? Mettons en valeur quelques détails de l’anecdote racontée par saint Luc. D’abord, l’épisode se passe à Jéricho, avant que Jésus ne monte à Jérusalem, la ville sainte où Dieu réside. Jéricho est la porte d’entrée en Terre Sainte que Dieu a donnée à son peuple. Souvenez-vous des trompettes de Jéricho qui provoquent l’écroulement de ses murs : les Hébreux n’ont plus qu’à y pénétrer sans combat (Josué 6,1-21). Si Jérusalem est le centre de la Terre Promise, Jéricho en est une entrée, mais également une sortie : qui plus est, située à l’orient, donc « à l’est d’ l’Eden », du Paradis. Et puis l’arbre sur lequel est monté Zachée est un sycomore, c’est-à-dire un « figuier sauvage » appelé en botanique le « figuier d’Egypte. » Enfin, Jésus appelle Zachée par son nom, comme s’il n’était venu à Jéricho que pour le rencontrer et lui dire qu’il faut qu’il aille loger chez lui. Ces détails permettent de faire le rapprochement avec le chapitre 3 du livre de la Genèse. Dieu, dans un beau jardin confié à l’homme, l'appelle alors qu'il se cache sous des pagnes en feuilles de figuier parce qu’il a peur de Lui et se découvre nu, rien sans Dieu.

Mais qui est-il donc, ce Dieu dont l’homme a si peur ? « Il est Celui qui peut tout et qui a pitié de tous les hommes…Ceux qui tombent, il les reprend peu à peu, les avertis, leur rappelle en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal, et qu’ils puissent croire en Lui », nous dit le livre de la Sagesse (1ère lecture) Et le psaume 144 ajoute : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. » 

Jésus (en hébreu : « Dieu sauve ») est celui qui vient chercher et sauver ce qui était perdu. Il fallait donc qu’il aille chez Zachée, ce « petit Adam » qui représente l’humanité cachée dans son figuier sauvage, puisqu’elle n’est plus dans l’Eden, le Paradis, mais qui cherche à voir qui est ce Jésus, ce Dieu perdu.

« Zachée descends vite ». Le Dieu que l’homme abandonne et que pourtant il cherche dans son cœur, ne réside pas dans des hauteurs inaccessibles. Il est « devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même » (Philippiens 2, 7-8), il est descendu jusqu’à toi, Zachée, il se tient même en dessous de toi pour mendier ton hospitalité. « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». « Il fallait » que le Fils de l’homme descende dans notre humanité, pour nous rendre la vie filiale que nous avons perdue en oubliant Dieu.

Se convertir signifie d’abord se laisser trouver par Jésus, qui désire se faire notre hôte. Ce n’est que dans la mesure où nous accueillons « le salut dans notre maison » intérieure, que le Seigneur « par sa puissance, nous donnera d’accomplir tout le bien que nous désirons, et qu’il rendra active notre foi » (2e lecture).

En recevant Jésus dans sa vie, Zachée l’a laissé réveiller en lui ce qu’il y a de meilleur. La présence de Jésusle délivre de ce qui comptait tant pour lui : l’argent. Il a suffi qu’une seule fois il soit accueilli dans l’amour, à travers le regard de Jésus, pour qu’il devienne capable d’accueillir les autres avec la même générosité : « Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Comme Zachée, cherchons à voir qui est véritablement Jésus. Allons à sa rencontre, Lui qui veut demeurer en chacun de nous pour que nous soyons transformés et que nous nous tournions généreusement vers nos frères.

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