Quatrième dimanche ordinaire C - 2009/2010

Retour

Les évêques de Belgique ont demandé que les prédications des prochains dimanches commentent le credo. Aujourd’hui, méditons sur le début  : « je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. »

« Je crois en un seul Dieu » : c’est dire que je fais confiance en quelqu’un, pas en quelque chose qui me dépasse, en une force cosmique anonyme ou un océan d’énergies spirituelles. Je crois en Quelqu’un qui est Dieu. Je crois en Quelqu’un, avec qui je puis nouer une relation personnelle, puisqu’il qu’il s’est révélé, puisqu’il a fait le premier pas vers moi. « En ceci consiste l'amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés… » (1 Jean 4) Et en même temps, je ne puis jamais mettre la main sur Lui. Il échappe toujours à mes prises, à mes raisonnements. C’est ce que dit saint Grégoire de Naziance (Ive s.) dans un poème justement célèbre : « Ô toi, l’au-delà de tout, n’est-ce pas tout ce qu’on peur chanter de toi ?... Aucun mot ne t’exprime, tu dépasses toute intelligence… » Dieu est l Tout-Autre, le Transcendant. Comme l’a écrit le grand poète et mystique espagnol Jean de la Croix (XVIe s.) :

Dans la nuit obscure de cette vie, 

je la connais la source, par la foi,
mais c'est de nuit.

Je crois en un seul Dieu, le Dieu unique. Le christianisme est un monothéisme, tout autant que le Judaïsme et l’Islam, mais un monothéisme original. La première lettre de saint Jean l’exprime en 3 mots : « Dieu est Amour » (1 Jean 4). Dans l’abîme de son mystère insondable, avant toute création, son être est relation, échange, don. Dieu est unique mais pas solitaire.

« Le Père … » Dès le Premier testament, ce Dieu unique et personnel, se manifeste comme Père. Il appelle le prophète Jérémie à parler en son nom, il se montre en Isaïe ou en Osée, non seulement comme un père, mais comme une mère. Mais c’est surtout en Jésus que la paternité de Dieu nous est révélée bien au-delà de tout ce que nous pouvons expérimenter et imaginer. Par tout ce qu’il dit et par tout ce qu’il fait, Jésus montre que Dieu est son Père, mais aussi notre Père ; mais que Dieu est aussi Fils, et aussi Esprit. Tout ce qui existe et tout ce qui aime, s’origine dans la relation d’amour qu’unissent entre elles ces trois personnes (hypostases). Et chacun de nous, tout homme, est convié à cette naissance à la vie divine, à la participation au banquet trinitaire. C’st là le message de l’évangile de ce jour : Jésus quitte les limites étroites de son village...

« Créateur du ciel et de la terre… » Le sentiment le plus important de la vie, c’est l’émerveillement devant l’univers qui nous entoure et dont nous sommes pétris.. « Si quelqu'un … ne peut plus ressentir étonnement ou surprise, il est un mort vivant »  a pu écrire Albert Einstein. Notons simplement que la création n’est pas seulement une chiquenaude initiale donnée par Dieu « au commencement », une fois pour toutes. Dieu nous crée et nous tient continuellement dans l’existence. La création n’est pas mare stagnante, mais une source intarissable.

« Le Père tout-puissant » Non pas « Père » à la manière des tyrans, dictateurs ou autres Staline (« petit père des peuples ! ») que le XXe s. a multiplié. Sa toute-puissance est celle d’un amour surabondant, sans limite qui se manifeste dans la splendeur de la création et tout autant dans l’extrême faiblesse de Fils de Dieu fait homme  et mort sur la croix. Un Amour qui vient rejoindre l’homme au plus profond de ses enfers. Que cette eucharistie nous fasse goûter de cet Amour dont saint Paul nous a dit dans la deuxième lecture qu’il ne passera jamais.

Retour