Deuxième dimanche dans l'année C 2013

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C’est du mystère de l’Eglise, me semble-t-il, que les lectures de ce jour peuvent nous parler. L’Eglise annoncée, anticipée par les prophètes, tel est bien le sentiment qui me saisit à la lecture du prophète Isaïe. Dieu y est présenté comme l'époux de son peuple Israël. A travers toute la Bible, depuis Osée jusqu'à la fin du livre d'Isaïe, en passant par le Cantique des Cantiques, l'Alliance entre Dieu et Israël est une alliance nuptiale, fidèle et indissoluble quelles que soient les trahisons et les fragilités humaines. L’amour éternel de Dieu est offert à son Eglise, sainte et pécheresse, et dont Il est le seul à connaître les frontières.

Pressentie dans le Premier Testament, l’Eglise est présente à Cana. L’espérance de l’union de Dieu avec les hommes, se réalise enfin dans cette portion d’humanité réunie autour de Jésus invité avec ses disciples.

« La mère de Jésus était là », précise saint Jean. Sa présence et ses paroles au banquet de Cana n’ont rien d’anodin. Elle remarque le manque et l’exprime à Jésus: « ils n’ont pas de vin », ils  ont perdu la joie des noces, le bonheur d’aimer. Le vin dans la Bible signifie joie (Qohelet 9, 7), amour (Cantique 5, 1), vie (Proverbe 32, 6), alliance avec Dieu (Isaïe 25, 6 – Genèse 27, 28). Etre d’Eglise, c’est d’abord présenter à Dieu l’humanité assoiffée d’amour.

« Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » La réplique de Jésus nous déconcerte. C’est sa mère, et il lui dit « femme ». C‘est qu’il la renvoie au futur, à la croix. Son « heure » y sera venue. Alors, son cœur transpercé, d’où sortiront du sang et de l’eau, manifestera sa « Gloire », son identité avec son Père et son amour infini sans mesure pour les à qui il donne sa vie. Les noces entre Dieu et l’humanité y seront définitivement scellées.
C’est l’heure où Marie lui sera associée. Il lui dira : « Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère » (Jean 19, 26-27). Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples, mère de tous les hommes. L’Eglise rassemble tous les amis de Jésus à qui il donne Marie pour mère. Marie, Mère de l’Eglise, comme l’a définie magnifiquement Vatican II (Lumen Gentium VIII).

A Cana, comment Marie aurait-elle pu comprendre ? Mais cela ne la pas empêchée d’aussitôt avertir les serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Etre d’Eglise, c’est nous retrousser les manches, nous mettre au travail sans délai, accomplir nos devoirs, remplir les cuves de centaines de litre d’eau, ne pas se décourager du peu de résultats apparents de nos efforts.

« L’Heure » de Jésus s’accomplira définitivement lors de son retour à la fin des temps. Mais elle est anticipée à chaque eucharistie. Il y est toujours présent dans le don sa Parole, dans le partage du pain de vie et du vin du Royaume. Et il le fait toujours à nouveau par l'intercession de sa Mère, par l'intercession de l'Eglise, qui l'invoque dans les prières eucharistiques: « Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu : Viens, Seigneur Jésus ! »

A chaque Eucharistie, la mère de Jésus est là. Elle nous apprend à être attentifs aux « manques », à intercéder pour une humanité privée d’amour ; et elle nous pousse à travailler sans relâche, à remplir nos devoirs si ardus soient-ils.

Alors, émerveillés par ces « signes » célébrés, nous pourrons, alors, avec Marie, dans la diversité de nos charismes et de nos ministères (1 Corinthiens 12), nous enfoncer en pleine pâte humaine pour y témoigner de la joie de croire, pour inviter les multitudes aux Noces de Dieu, pour y goûter ensemble au vin grisant et surabondant de l’Amour

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