Troisième dimanche dans l'année C 2013

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Les lectures de ce dimanche nous placent devant l’importance de la Parole de Dieu. L’épître de saint Paul elle, nous donne l’exemple de sa fécondité lorsqu’elle est reçue dans un cœur ouvert.

Que la parole de Dieu soit vitale, les Juifs l’ont toujours su. Après la déportation à Babylone, ils avaient tout perdu : terre, roi, temple. Tout sauf une chose, la seule indispensable : se rassembler (sunagein, en grec, ce qui a donné le mot « synagogue ») pour écouter la Loide Moïse et les écrits des prophètes. Et cette écoute produit du fruit. L’espérance renaît chez ces exilés. Le peuple pleure,  car la Parole, en éclairant nos vies, révèle notre péché. Mais c’est la joie qui est la plus forte : « Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Première lecture). La joie de Dieu est notre rempart lorsque nous accueillons ses paroles dans le murmure du cœur (Psaume 18).

L’ancien archevêque de Milan, le cardinal Martini a eu cette remarque aussi incisive que pertinente : « Je suis persuadé que pour un chrétien d’aujourd’hui, dans la société occidentale complexe, difficile, sécularisée, il est pratiquement impossible de persévérer dans la foi sans aussi se nourrir personnellement de l’Ecriture. »

C’est le message de l’évangile. Jésus entre dans la synagogue de son village. La liturgie synagogale comportait au moins deux lectures :  La première tirée de la Loi de Moïse, la deuxième prise chez l’un des prophètes. C’est un passage d’Isaïe que Jésus choisit de lire. Puis il s’assied : c’est l’attitude du prédicateur. Habituellement, l’homélie consistait à éclairer la première lecture par la deuxième. Mais ici, Jésus ne se lance pas dans un commentaire. Partant uniquement du texte d'Isaïe 61 qu'il vient de proclamer, il il constate avec une autorité tranquille : « Cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » (Luc 1, 21). « Aujourd’hui » : en un mot, tout est dit.

Origène, le grand théologien du 3e siècle, commente : « Quand vous lisez : ‘ Il enseignait dans leurs synagogues, et tout le monde faisait son éloge ‘, gardez-vous de n’estimer heureux que ces gens-là, et de vous croire privés de son enseignement. Si les Ecritures sont vraies, le Seigneur n’a pas seulement parlé en ce temps-là, dans les assemblées juives, mais il parle également aujourd’hui dans notre assemblée ».

C’est par l’écoute attentive, aimante, adorante de la Bible que l’Esprit nous fait découvrir sous les signes du pain et du vin eucharistiques la présence « aujourd’hui » du corps et sang du Christ. C’est aussi par l’accueil de la Parole rendue vivante et actuelle par l’Esprit saint, que se construit et s’unifie, dans sa diversité, le Corps de l’Eglise, et au-delà, celui de l’humanité toute entière (deuxième lecture).

Saint Luc, dans son livre à deux parties - l’Évangile d’un côté et les Actes des Apôtres de l’autre - n’a d’autre but que de nous dire qu’entre Jésus et l'Église, c'est la même histoire. L'Esprit est là aux commencements de Jésus, de l’annonciation au début de son ministère. De la même manière, l'Esprit inspire les commencements incessants de l'Église de tous les temps et de tous les lieux. Demandons-lui de nous aider à « manger » la Parole de Dieu (comme le disait le Père Jousse « La manducation de la Parole »), à accueillir Dieu sans tarder, à accepter de nous laisser transformer, convertir, puisque c’est aujourd’hui même que s’accomplit le salut du Christ

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