Quatrième dimanche dans l'année C 2013

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Qui donc est Jésus ? C’est la question que se posent les habitants de Nazareth. Après avoir écouté Jésus proclamer l’oracle du prophète Isaïe, ils l’entendent tenir un propos surprenant : « cette parole de l'Écriture que vous venez d'entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s'accomplit. » En termes à peine voilés, Jésus annonce qu’il est le Libérateur annoncé par le prophète, le Sauveur attendu par Israël.

C’est l’étonnement devant le « message de grâce qui sortait de sa bouche. » Mais aussitôt suivi du doute : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? » Ils voient Jésus, et pressentent derrière ses paroles de grâce quelque chose de son mystère : « Le Verbe fait chair… plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14). La tentation de l’habitude est la plus forte. « Cet homme, ce charpentier, on le connaît. » Ils se réfugient dans un regard superficiel qui les rend incapables de voir les merveilles de Dieu, l’inouï et l’imprévu de Dieu.

Le livre de l’Exode 14, 20, nous montre le camp des Egyptiens séparé du camp d’Israël par une nuée « à la fois ténèbres et lumière dans la nuit. » Des « ténèbres lumineuses » : dans cette image apparemment contradictoire, les Pères de l’Eglise et des mystiques ont vu le mystère du Christ. Les Nazaréens ne voient qu’un homme Jésus : c’est l’aspect ténébreux. Et le croyant, par sa foi, voient dans l’obscurité de cet homme la lumière de Dieu, celui en qui habite la plénitude de la divinité.

Jésus leur rappelle Elie et Elisée. Le don de l’Esprit fait à ces prophètes d’Israël, a été reconnu par deux païens, la veuve de Sarepta et Naaman, le syrien. Ils ont vu un homme, mais dans cet homme, ils ont reconnu la puissance de Dieu . Sous l’apparence superficielle, ils ont découvert la profondeur du cœur. Sous l’écorce, ils ont su la sève couler, vivifiante.
Jésus n’est pas qu’un sage, qu’un homme de bien. Il est  « le Verbe … fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1, 14).

Mais le refus, la colère, la haine sont là.  « Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu » (Jean1, 11). Déjà, le prophète Jérémie avait affronté l’hostilité de ses compatriotes : « Les gens d’Anatot en veulent à ma vie et me disent : Tu ne prophétiseras pas au nom du Seigneur, sinon tu mourras de notre main » (Jérémie 11, 21).

Jésus ne fait pas descendre la foudre sur Nazareth comme Jacques et Jean auraient voulu le faire sur un village de Samarie (Luc 9, 54). Il prend sur lui la violence de l’homme contre Dieu, contre l’Amour. Et cette colère s’abattra sur Lui jusqu’à la malédiction de la croix. Mais la miséricorde de Dieu est plus forte que toutes nos fureurs. L’amour que Dieu nous porte prend patience. Il ne s’emporte pas, il supporte tout, espère tout, endure tout. Il ne passera jamais (1 Corinthiens 12-13)

Souvent, nous avons peur d’être vaincus par notre propre péché dont nous voyons bien qu’il sort et ressort jusqu’à nous décourager. C’est de cette crainte que le Seigneur veut  nous délivrer. Il nous annonce la victoire de l’Amour. Car c’est de cet amour qui excuse tout, croit tout, espère tout que nous sommes aimés. Laissons Dieu changer nos colères en passion d’amour pour sans fin proclamer sa  victoire et son salut :  « Tu seras ma louange toujours ! » (Psaume 70).

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