Sainte Famille C - 2012/2013

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Ce dimanche, nous fêtons une famille, la Sainte Famille : un homme, une femme, un enfant. Contemplons les l’un après l’autre.

Le père tout d’abord, silencieux (nous n’avons aucun mot de lui), délicat, énergique et décidé. Il est un homme de la maison de David, appelé Joseph (Luc 1,27). Un père qui donne un nom, établit dans un lignage, transmet la mémoire. « Tu lui donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Matthieu 1,21). Un père  qui donne un métier et enracine dans un village au point que les gens de Nazareth ne sauront jamais que dire : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »(Luc 4,32). Ce père qui a protégé la vie de son enfant : « dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte » (Matthieu 2, 14). Un père aussi  qui sait se faire petit et humble devant Celui « qui est la source de toute paternité au ciel et sur la terre » (Ephésiens 3,15). Un père dont la paternité s’accomplit et s’efface le jour où son fils se sait Fils de Dieu : « Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être » (Luc 2, 49).

Et puis, il y a la mère : « le nom de la jeune fille était Marie » (Luc 1,27). Si d’elle, nous avons recueilli quelques mots, c’est surtout son cœur qui écoute et sait reconnaître le passage de l’Amour qui s’étend d’âge en âge » (Luc 1,50) qui nous touche. Une mère qui après avoir mis au monde son enfant,  aussitôt « l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (Luc 2, 7) comme pour déjà le donner en pain pour notre faim de vie plus forte que la nuit de la mort. Une mère qui sait garder dans son cœur profond les paroles des bergers, de Syméon, de son garçon de douze ans : « Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être. » (Luc 2, 49). Une mère si peu possessive qu’elle accepte de ne pas maîtriser le destin de son fils, qui consent, comme Anne avec Samuel que son fils « demeurera donné au Seigneur tous les jours de sa vie » (1Samuel 1, 28). Une mère qui pressent que sa maternité ne s’accomplira qu’au bout des trois jours au pied de la croix où son « cœur sera transpercé par une épée » (Luc 2,35) et nous recevra en fils et filles : « Femme, voici ton fils » (Jean 19, 26).

Alors, il y a l’enfant : « tu lui donneras le nom de Jésus » (Luc 1,31). Un enfant qui, dans  l’intimité familiale, s’ouvre à une relation intérieure avec son Dieu, qui nomme Dieu : Abba, Père. Un enfant qui se reçoit de ses parents et qui est assez libre vis-à-vis d’eux pour s’ouvrir à une fraternité universelle : dans sa Pâque, Dieu fera de lui  « l’aîné d’une multitude de frères » (Romains 8, 29). Aujourd’hui, il peut monter à Jérusalem pour la fête et décider d’y rester. « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 4,34).

Voilà la Sainte famille. Pourquoi sainte ? Parce que cet homme a eu assez d’amour pour reconnaître et contempler le mystère de Dieu en cette femme et se mettre à son service avec tendresse et fidélité. Sainte parce que cette femme a eu assez d’amour, appuyée sur l’amour de son époux, pour ne pas enfermer l’enfant dans ce qu’elle pensait savoir de lui, mais le laisser grandir et commencer sa mission. Sainte parce que cet enfant, enraciné dans l’amour de cet homme et de cette femme, a su découvrir cette vocation que Dieu a déposée en lui.

Une sainte famille : le lieu où chacun peut découvrir ce qu’il est déjà dans son être le plus profond : « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu » (1Jean 3, 2).

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