Deuxième dimanche du Carême C - 2012/2013

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Un fil d’or court tout au long de la tapisserie des lectures de ce deuxième dimanche de carême. Ce fil d’or, c’est la bonté extrême de Dieu à laquelle répond la confiance de l'homme.

Voyez d'abord l’histoire d’Abraham. A son époque, les chefs de tribus faisaient alliance par un rite semblable à celui auquel nous assistons ici : des animaux étaient sacrifiés. Les contractants passaient tous les deux entre les morceaux écartelés, signifiant  par là le sort qui les attendrait s’ils ne respectaient pas leurs engagements : « Qu’il m’arrive le sort subi par ces animaux si je ne suis pas fidèle à l’alliance que nous contractons aujourd’hui ». Abraham accomplit donc les rites habituels, mais pour une alliance avec Dieu. Tout est semblable et pourtant tout est différent. « Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s’empara d’Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux. » Ce « sommeil mystérieux » qui tombe sur Abraham est le même qui saisit Adam pendant que Dieu créait la femme, le même que celui qui accable les apôtres sur la montagne. Quand l’homme se réveille, c’est une aube nouvelle qui se lève, une création nouvelle qui commence. Dans l’Alliance ; c’est Dieu qui a toute l’initiative. Lui seul s'engage dans une fidélité indéfectible. L'homme; s'il est infidèle, a toujours une autre chance. Il ne passe pas entre les carcasses. La seule attitude qui lui soit demandée , c’est de faire confiance : « Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. »  Croire c’est « TENIR », faire confiance jusqu’au bout, même dans le doute, le découragement, ou l’angoisse. Telle est l’attitude d’Abraham.

Le psaume exprime en d’autres mots cette confiance : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? » Dans la joie  et dans la peine, dans les épreuves et les contrariétés, nous avons à approfondir notre confiance : « le Seigneur est ma lumière et mon salut. ». Creuser aussi notre espérance : « Je verrai la bonté du Seigneur... » 

L’espérance nous la retrouvons dans le message  que Paul  à ses chers Philippiens : « Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux. » Dire que nous attendons Jésus-Christ comme sauveur, c’est dire que nous mettons toute notre confiance en lui et pas en nous-mêmes !

Au moment de la prière de Jésus sur la montagne, les trois apôtres sont eux aussi « accablés de sommeil », de ce sommeil qui indique l’action de Dieu. A leur réveil,  Dieu leur révèle le mystère de son Fils transfiguré. La montagne qui nous fait penser au Sinaï ou à l’Horeb. Nous sommes moins étonnés, du coup, de la présence de Moïse et Elie aux côtés de Jésus. Moïse était redescendu  du Sinaï, son visage, à son insu, rayonnant de gloire (Exode 34, 29-30). Quant à Elie, au bruissement d’une brise légère,  il s’était voilé la tête avec son manteau. (1 Rois 19, 8).  Dans la nuée lumineuse, la voix du Père supplie « Ecoutez-le ». Ces mots renvoient au « Shema Israël », « Ecoute Israël ». C’est la profession de foi quotidienne, le rappel du Dieu Unique à qui Israël doit sa libération amorcée par Dieu avec Abraham, poursuivie avec Moïse, pleinement accomplie en Jésus, pour tous ceux qui l’écouteront. Ce n’est pas l’ordre d’un potentat ombrageux, mais la supplication d’un Père infiniment aimant : « Ecoutez-le », faites-lui confiance. 

Pierre, hébété devant le visage transfiguré de Jésus, aurait voulu s’installer là pour toujours : « Maître, il est heureux que nous soyons ici; dressons trois tentes... » Mais Luc dit bien que « Pierre ne savait pas ce qu’il disait. » Il n’est pas question de se mettre à l’écart du monde et de ses problèmes. Car c’est dans notre quotidien que nous avons à vivre la transfiguration. Jour après jour, nous marchons vers la transformation.de l’humanité tout entière dans le Fils Unique. Comme le dit Saint Paul : « Nous sommes citoyens des cieux. »

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