Sainte Famille A

Retour à Kerit

Période bien choisie que celle où l’Eglise nous propose de fêter la Sainte Famille à l’heure des rassemblements autour du sapin ou de la crèche, dans la musique et le partage des cadeaux, parmi les courriers fleuris chargés de souhaits et d’affections. Pourtant, les images qui défilent dans les lectures de ce dimanche, semblent vouloir nous arracher à l’intimité et à la chaleur du foyer.

La paranoïa d’Hérode le tyran, la terreur qu'il déchaîne aveuglément contre les enfants de Bethléem, la fuite dans la nuit du couple de réfugiés qui met le nouveau-né à l’abri de l’Egypte... voilà qui est très loin du conte de fée mièvre que pourrait nous évoquer Noël. Surtout, que l’orage passé, Joseph choisit de recommencer à zéro en établissant sa petite famille dans le lointain mais plus sûr village de Nazareth.

La Sainte Famille nous est ainsi présentée en modèle dans le concret d’une existence éprouvée. C’est une vraie famille, comme il y en a tant de par le monde, jetée sur les chemins de l’exil pour échapper à la violence brutale. Vous tous, ces foyers qui vous battez contre des conditions de vie difficiles (santé, budget, dialogues difficiles, affections brisées), regardez donc vers la famille de Joseph et de Marie. Comme les vôtres, elle a connu les déchirements et les angoisses, elle s’est débattue dans les turbulences de l’histoire. Ce jeune couple, ce sont des expulsés, des « sans papier », chassé de leur pays par la guerre, la famine, le chômage ou la dictature. « Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ... ». Oui, hélas, aujourd’hui aussi « Rachel pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console ! » Les enfants du monde, qui sont tous nos enfants, et dont on exploite le travail, qu’on viole, qu’on prostitue, qu’on drogue, qu’on arme, qui gênent et qu’on tue...

La première leçon que nous donne l’attitude déterminée de Joseph, le courageux et le responsable, est celle d’une confiance totale dans la Parole de Dieu, malgré l’obscurité de la foi, au creux même des périls et des insécurités. Dans l’odeur de mort qui rôde autour de l’enfant Jésus, un sauvetage surgit, une espérance se lève. Ce n’est pas en sortant d'un coup de baguette magique de nos situations précaires qu’on accomplit la volonté de Dieu. C’est en découvrant la douceur désarmée du petit de Bethléem qui vient nous y rejoindre pour nous garder de la désespérance.

Aujourd’hui Dieu continue à écrire droit sur nos lignes courbes. Malgré tout, son dessein avance. Osons le croire pour nous, maintenant. Le second enseignement, c’est le fantastique appel à la responsabilité que contient cet évangile de la Sainte Famille. Jésus, « Dieu sauve », ne se défend pas lui-même. Il se remet entre les mains de ces croyants que sont Joseph et Marie. Quel immense respect de l’homme ! Quelle immense responsabilité de l’homme ! Dieu veut la vie et confie cette tâche à des hommes et des femmes engagés, les parents étant en première ligne. Demandons cette grâce de vivre, comme la Sainte Famille, davantage responsables et pleins d’amour au milieu de ce monde dur et violent.

Retour à Kerit